À l'heure actuelle, alors que le tabou entourant le suicide diminue quelque peu, il circule néanmoins encore auprès du grand public comme chez beaucoup de professionnels toute une série d'idées reçues sur le suicide.

Combattre ces mythes et préjugés qui entourent le suicide sert d'une part à briser l'isolement dans lequel se trouvent souvent les personnes en proie à des idéations suicidaires, et permet d'autre part d'améliorer l'accueil, l'écoute et la prise en charge de ces situations de crises.

Voici quelques mythes

Mythes sur le suicide

Les personnes en crise suicidaire sont formellement décidées à mourir

Ce mythe suppose que la personne choisit la mort, qu’elle a pesé le pour et le contre et qu’après mûre réflexion, elle pose un choix rationnel. En réalité, la personne suicidaire veut cesser de souffrir. Elle ne veut pas nécessairement arrêter de vivre.

La personne qui a des pensées suicidaires souffre d’une maladie mentale

Même si certaines personnes présentant des problèmes de santé mentale peuvent être suicidaires, un comportement suicidaire n’indique pas nécessairement que la personne a des problèmes de santé mentale. Il s'agit plutôt d'un mal de vivre.

Il faut être courageux ou lâche pour se suicider

En associant le suicide au courage, des personnes peuvent voir dans l’acte quelque chose de noble ou honorable.

Penser en termes de jugements moraux et/ou éthiques fait également croire que le suicide est lié à un choix. Or, on ne se suicide pas par choix mais parce que la souffrance est devenue insupportable.

La personne en crise suicidaire n’y voit donc pas de courage ou de lâcheté : ce sont des jugements extérieurs posés par d’autres.

La personne qui en parle ne le fait pas

Ce mythe fait entendre que les personnes qui se suicident ne parlent pas de leurs idées suicidaires avant l’acte, ce qui est faux. Une personne qui parle de son désespoir à quelqu’un peut se suicider ensuite, et parler d’intentions suicidaires est un moyen de manifester sa souffrance.

Même si une composante de manipulation peut être présente chez certains, une personne qui est vue comme menaçant de se suicider pour manipuler son entourage est en réalité dans un état de mal-être important devant être pris en compte.

 Il ou elle n’a pris que X nombre de comprimés, c’était donc du cinéma

Une tentative de suicide n'est jamais anodine, quels que soient les moyens mis en œuvre. Tout passage à l'acte constitue un appel qui, s'il n'est pas entendu, risque de s'exprimer par la suite de manière plus violente.

Une personne montre un post-it avec un smiley

Toute personne suicidaire paraît déprimée ou à l’inverse, une personne joviale est à l’abri d’idées suicidaires

Une personne suicidaire n'apparaît pas nécessairement comme déprimée. Sous un extérieur jovial peut se cacher une grande tristesse.

Les signes avant-coureurs dépendent des personnes, d’où la difficulté de les résumer : il faut être attentif aux comportements habituels de la personne et voir les changements qui peuvent trahir des pensées suicidaires. 

Seule une catégorie de personnes se suicide

Les facteurs de risque et de protection vont différer selon chaque personne mais des idées suicidaires peuvent se retrouver dans toutes les couches de la population, dans tous les niveaux socio-économiques ou dans toutes les situations familiales.

Parler du suicide encourage le passage à l'acte

Si une personne a des idées noires ou se sent au plus mal, il est possible de l’aborder et de lui demander si elle a des idées suicidaires. Si la réponse est affirmative, questionner si la souffrance peut aller jusqu’à des pensées suicidaires ne précipitera pas un passage à l’acte.

Il permettra plutôt à la personne de se sentir écoutée dans sa détresse. Cela facilitera ainsi une demande d’aide et de soutien.

L'amélioration consécutive suite à une tentative de suicide signifie que le risque est passé

Il se peut qu’une personne en crise suicidaire semble momentanément soulagée et paraisse se sentir mieux, mais cela ne signifie pas nécessairement que le danger soit passé. La grande majorité des récidives se produit dans les mois qui suivent la tentative de suicide, surtout quand la souffrance de la personne n’a pas pu être verbalisée. À noter aussi, comme indiqué dans notre page sur les signaux d’alerte, qu’un changement de comportement avec par exemple, une bonne humeur soudaine, peut aussi indiquer une volonté de passer à l’acte.

Le suicide, c'est héréditaire... 

Le suicide n'est pas héréditaire. Il n'existe pas de gênes du suicide, même si certaines maladies mentales ont une composante génétique. Il est important néanmoins de souligner que le suicide est un comportement qui peut se reproduire dans une histoire familiale, à travers les générations.

Il faut être un·e professionnel·l·e du secteur psycho-médico-social pour pratiquer la prévention du suicide

Au quotidien, dans ses relations avec son entourage, chacun·e peut aider une personne confrontée à la souffrance, avec les moyens à disposition, tout en respectant ses limites.

Ouvrir le dialogue, être présent, entendre la souffrance, s’abstenir de juger, orienter ou accompagner éventuellement auprès d’un professionnel ou d'un adulte significatif, sont des façons de soutenir ces personnes en situation de détresse.

Cependant, dans l’accompagnement d’une personne suicidaire, professionnels ou proches, la même règle s’applique : on ne doit jamais rester seul avec le problème et il faut absolument se faire aider.

Ensemble, continuons à combattre ces idées reçues !